[Scénario]Entretien pour un braquage [PV : Tequila Jo'] [Terminé]

La lune ronde siégeait dans le ciel, au-dessus de Sunset Hill. L’heure était suffisamment avancée pour que le calme règne dans les ruelles de la ville. Les commerçants avaient fermés leur boutiques et la plupart des habitants dormaient sur leurs deux oreilles. Seul le saloon provoquait un peu d’animation au sein du silence installé dans la bourgade.

C’était idéal. Comment une telle quiétude pouvait avoir élu domicile dans une ville dépourvue de shérif ? Edwin Miller devait résoudre ce problème et très rapidement. Les préparatifs étaient organisés. L’œil vif du chef des « Bad Lag » avait rapidement cerné la topographie de la ville et un plan avait germé dans son esprit. Il ne restait plus qu’à l’exécuter. Mais Edwin Miller n’était pas derrière l’église pour cela. Assis sur un banc, deux hommes debout à ses côtés, il attendait impatiemment la venue d’un contact. Installé depuis très peu dans le secteur de la ville, sa connaissance des lieux, des habitants, de sa culture était encore un peu trop limitée pour espérer mener l’attaque avec brio. Le chef des « Bad Lag » s’était renseigné et les noms de deux ou trois forbans qui avaient pris place en ville étaient parvenus jusqu’à ses oreilles. Il avait hésité un certain temps puis avait fini par jeter son dévolu sur la dénommée « Tequila Jo’ ». Edwin aimait bien son nom. Et puis c’était une femme. L'homme blond faisait partie de ces personnes qui sont persuadées que la gente féminine reste bien plus docile.

Il lui avait fait transmettre une invitation par le biais d’un de ses hommes dans le saloon de la ville. L’entrevue s’était passée discrètement dans un coin du saloon de Sunset Hill. L’homme avait offert un verre de tequila à la mexicaine pour instaurer un climat amical et ils avaient pu traiter du sujet sereinement. Edwin avait demandé à son homme de rester très discret sur la nature de l’attaque. Si Tequila Jo’ souhaitait en savoir davantage, il fallait qu’elle vienne rejoindre Edwin derrière l’église cette soirée. Elle avait accepté.

Elle n’était pas en retard. Le chef des « Bad Lag » avait tenu à arriver en avance pour repérer les lieux du rendez-vous et préparer son entrevue. Il ne pensait pas la Desperados suffisamment stupide pour tenter quelque chose contre lui pendant cet entretien, mais Edwin préférait être prudent. Evidemment, il savait qu’accompagné de deux hommes, il serait difficile d’obtenir la confiance de la femme, mais il les renverrait une fois qu’elle serait arrivée. Face à elle, son vieux revolver ferait l’affaire si elle venait à commettre une imprudence…

Enfin du travail et de la reconnaissance pour son art. Tequila Jo avait été approchée pour un "coup". Elle n'en savait pas vraiment plus. le type du saloon n'avait pas été très prolixe à ce sujet.
Juste qu'il fallait travailler en bande et rencontrer leur chef pour savoir si elle faisait l'affaire.
Elle ne connaissait rien de ce groupe, le type du bar ne lui avait même pas donné le nom du gang. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle se ferait sans doute plus d'argent à plusieurs qu'en braquant les épiceries du coin...

Restait à savoir, si le groupe était sérieux et n'allait pas la liquider une fois leur méfait réalisé. C'est ce qu'on appelle le problème avec les gens sans foi ni loi.

Le rendez-vous était fixé derrière l'église, au moins ils ne seraient pas dérangés: les pèlerins préféraient se réunir au saloon en soirée plutôt que sous le porche d'une église austère.

C'était l'heure, trois types étaient déjà là. Pas facile de trouver le chef parmi les trois. En général, c'est celui qui se trouve en position centrale, protégé par les deux autres. Le problème c'est qu'au milieu, il y avait un type d'allure chétive, le genre qui s'envole si le vent souffle trop fort. Il portait un chapeau rapiécé sur la tête, mis à part ça, il était plutôt mignon.

Tequila Jo était venue seule, elle avait laissé son cheval et sa carabine un peu plus loin et avait revêtu un poncho pour se protéger du froid. Et puis un poncho, c'était toujours bien pour les rencontres louches. Ca permettait de cacher vos mains, comme ça, on ne pouvait jamais savoir si vous teniez un joujou sous votre bout de tissu. Discrète, elle avait pris un large chapeau et laissait danser le long de sa cuisse un colt bien en évidence, histoire de montrer à ces messieurs qu'on était pas là pour faire causette sous la pleine lune.

Elle était arrivée sans bruit, discrète, comme à son habitude. Elle s'avança vers le petit groupe avant de s'arrêter devant à une distance respectable.

- Yé souis Tequila Jo. Il paraît qué vous avez peut-être un boulot pour moi. Pourrais-je savoir à qui yé l'honneur ?

Hé oui, chez les paysans mexicains aussi on avait appris à se présenter avant de parler affaires...

Elle était arrivée à l’heure. Cela plut à Edwin Miller, qui aimait lorsque les choses se passaient comme elles étaient prévues. L’homme avait failli se faire surprendre par son arrivée tant elle avait discrète. Ses deux subalternes ne s’étaient d’ailleurs rendu compte de rien. Ils étaient censés protégés Edwin, et non l’inverse. Le chef espérait que la nouvelle arrivante ne s’en soit pas rendu compte, cela pouvait entacher sa crédibilité. Cette dernière avait revêtue un poncho, dissimulant la majeure partie de son corps. Seul son colt était bien apparent, mais Edwin prêta d’abord attention aux jolies cuisses de la propriétaire. Son allure générale lui plaisait, mais il savait que ce n’était pas suffisant pour la juger apte au braquage. Elle se présenta enfin, surprenant les deux hommes de main du chef des « Bad Lag ». Edwin qui tenait à faire bonne image pour cette première entrevue se leva, puis se présenta à son tour :

« Enchanté l’amie. Je suis Edwin Miller, le chef des « Bad Lag ». En effet, il s’pourrait que j’ai du boulot pour toi… Quant à ces deux-là… »

L’homme marqua une pause, regardant ses deux compères. Ils étaient en train de se rincer l’œil sans discrétion devant la fille. Cela insupporta davantage leur chef qui reprit d’un ton glacial :

« … Ce sont Mitch et Hamton… Et ils vont nous faire le plaisir de débarrasser le plancher sur le champ ! »

Il tourna la tête vers les deux hommes, le regard noir. Ceux-ci paraissaient visiblement surpris de cette subite colère. Leur laxisme n’arrangeait pas leur cas, et Edwin se promit de s’occuper d'eux dès que l’entretien serait terminé. Exécutant un signe de tête, il reprit :

« Et plus vite que ça ! »

Mitch et Hamtom s’exécutèrent sans broncher, quittant l’église, ils laissèrent leur chef et la mexicaine seuls. Edwin qui faisait de nouveau face la femme lui adressa un sourire, amusé par la situation et reprit :

« Désolé pour cette approche un peu houleuse. Pour rien te cacher, on est sur un gros coup. Mais avant de t’en dire davantage, ‘faudrait que je sache si t'es disponible dans deux jours pour ça. »

L’homme voulait aussi en savoir plus sur la femme, sur ce qu’elle avait déjà pu accomplir au sein de la ville. Mais avant cela, les règles de conduite l’obligeaient à se présenter davantage le premier. Il reprit alors :

« J’sais pas si t’as déjà entendu parler de moi ou de mon gang. ‘Faut dire qu’on crèche jamais souvent au même endroit, ça évite de se faire chopper. D’habitude, j’m’attaque plutôt aux diligences qui font des proies isolées plutôt simples à dépouiller. J’ai déjà accompli un ou deux braquages en ville, les recettes sont plus importantes, mais les ennuis aussi. Mais dans cette ville, j’flaire le bon coup, sans doute parce que le shérif actuel repose gentiment six pieds sous terre. J’dis pas ça pour t’épater, mais plutôt parce que je veux en savoir plus sur toi ma jolie. »

Le sourire toujours sur le coin des lèvres, Edwin Miller espérait néanmoins secrètement avoir impressionné Tequila Jo’. Son ego surdimensionné attendait avec impatience les réponses à ses questions.

Même s'ils étaient trois, elle n'avait pas vraiment peur, ils étaient du même côté et n'avaient pas de compte à régler. il lui sembla naturel que les gros bras d'Edwin quittèrent le plancher pour pouvoir parler un peu réputation et stratégie. Et puis il y avait beau dire, elle se sentait plus à l'aise sans leurs regards vicieux posés sur ses courbes.

Elle fourra dans un coin de sa mémoire les noms qui venaient d'être cités et se concentra un peu plus sur ce que Miller avait a lui dire.

C'était étrange de se voir ainsi proposer une collaboration. elle avait toujours travaillée seule et ne s'en était jamais plaint. Néanmoins, ses rapines ne lui rapportaient jamais beaucoup et quand Miller lui parla d'un gros coup, les yeux de la mexicaine se mirent à briller comme des diamants.
Pour le reste le type semblait décrire honnêtement son travail et sa façon de faire, apparemment ils s'attaquaient à de plus gros pigeons, au du moins plus nombreux. mais la récompenses étaient à diviser par autant d'hommes que comptait la bande.

Les premières interrogations tombaient, Joanna ne fumait pas, mais sans doute un cigarillo à la bouche lui aurait sans doute servi à asseoir sa crédibilité. mais son éducation revenait à la surface, soutenant qu'une femme bien élevée ne devait pas faire de ronds de fumée. C'est donc son accent chantant et sa voix douce qui prit le relais.

- Dans deux yours, yé souis dispo effectivement... pour le reste...

Elle se déplaça d'un huitième d'arc de cercle pour changer son angle d'approche, ne réduisant néanmoins pas la distance entre eux.

- Yé né yamais entendou parler des "bad lag" mais en même temps, yé ne travaille qu'au Mexique et à Sunset. Ca doit expliquer... Yé braque aussi des proies isolées car yé travaille seul d'habitoude, mais un gros coup en groupe yé souis pas contre. Y'outilise aussi plous ma tête que mon flingue et y'éssaye de ne pas faire de cadaver si possible. Quand à ma répoutation, si tou demandes qui est "Tequila Jo", les gens répondront que c'est oune coloso et qu'il a toute une bande. Cette rumeur doit arranger ceux que yé braque, c'est pas facile de dire qu'on a été attaqué par une fille... Et ça m'arrange bien, même s'il n'y a pas encore de shérif par ici, j'aime bien être incognito. Les autres bandes sont à la recherche du trésor des Bundy, alors ça me laisse le champ libre pour travailler...

Elle se rendait compte de ces manquements en américain pour produire de longs discours. Elle était obligée d'utiliser souvent les même mots et il y avait parfois des expressions dont elle n'étit pas sûre...

- Vous êtes combien dans vot' bande ? Et c'est quoi le gros coup dont tou parles ? La banque ? un notable de la ville ?

La femme était toujours face à Edwin Miller. Plus il la regardait, plus elle lui semblait idéale pour le travail qu’il avait à lui confier. Cependant, il devait rester vigilant. Il y avait déjà un paquet de corniauds qui avaient essayé de doubler le chef du « Bad Lag ». En vain, mais l’homme ne pouvait accorder sa confiance trop rapidement. Il écouta les réponse de Tequila Jo’ et les considéra les unes après les autres. La femme n’avait pas bronché quand il lui avait demandé ses disponibilités. Edwin avait volontairement choisi un délai d’attaque court. Tout d’abord, cela laissait moins de temps à sa potentielle associée de revenir sur sa décision. De plus, il pouvait ainsi sonder l’intérêt de celle-ci pour sa proposition. C’était une femme. Elle avait très certainement une idée de ce qu’elle aurait pu faire dans deux jours, mais elle avait jugé que c’était moins important que de travailler pour Edwin. Cela plaisait à l’homme.

Lorsqu'elle prit la parole, La première chose qui le surprit fut son accent qu'il n’avait pas encore remarqué. Bien qu’écorchant certains mots, il allait à merveille avec la femme qui lui faisait face. L’ego d’Edwin fut un peu déçu lorsqu’il apprit qu’elle n’avait jamais eu vent de son gang ou de lui-même. Assez paradoxalement, le chef faisait tout pour rester dans l’ombre, mais un peu de reconnaissance de son « travail » de temps en temps ne ferait pas de mal. Elle avait l’air d’agir de la même façon que lui : avec intelligence et discrétion. Elle avoua qu’en général, on la décrivait comme un colosse. Le chef se souvint que la première fois qu’il avait entendu parler de Tequila Jo’, sa description ressemblait en effet à celle d’un homme à forte carrure. C’était d’ailleurs pour ça qu’il avait failli porter son choix sur un certain « Estevez ».

Elle évoqua rapidement le trésor des Bundy. Edwin avait déjà entendu quelques histoires à ce sujet dans quelques saloons du coin, mais cela lui importait peu. Au final, ce n’étaient que des rumeurs et rien n’était moins sûr que l’existence du trésor. Le chef du « Bad Lag » détestait travailler dans le flou. Il aimait pouvoir maîtriser toutes les composantes de ses plans.

Ils étaient toujours debout l’un face à l’autre, derrière le bâtiment catholique. Sunset Hill dormait toujours sur ses deux oreilles. Edwin finit par comprendre que la curiosité de son interlocutrice était en éveil. Ses questions étaient courtes mais nombreuses. L’homme ne devait lui transmettre que ce qu’elle avait réellement besoin de savoir. Il se racla la gorge puis répondit :

« J’suis pas sûr que le nombre de mes gars soit important. Par contre, on ne sera qu’une petite dizaine sur le coup. Et ce sera des cocos un peu plus robustes que les deux qui m’ont accompagnés ce soir. »

Il marqua une légère pause. Ce qu’il allait lui dire serait déterminant pour la mexicaine :

« Pour ce qui est de la cible, c’est en effet la banque de Sunset Hill. Avec autant de désordre, j’comprends pas qu’on soit les premiers à tenter le coup. Tant mieux ! »

Préparant son effet, il marqua une nouvelle pause, puis reprit :

« Avant de rentrer dans les détails, j’espère que t’as les épaules, car c’est toi qui va mener l’assaut et mes hommes contre la banque ! »

La bouche d’Edwin était largement ouverte, dessinant un sourire satisfait sur son visage voilé par l’ombre de la nuit.

Une petite dizaine, c'était suffisant largement pour qu'elle ait un sentiment de confiance et de sérénité pendant l'attaque. La méfiance plissa son regard quand le chef des Bad Lags lui proposa de mener l'attaque. il ne la connaît ni d'Ève, ni d'Adam pourtant. un piège pour qu'elle serve de chair à canon avec d'autres membres extérieurs au clan ? Mènerait-elle une diversion?
Ca devenait louche, en même temps, elle n'était pas là pour chanter dans le chœur des chanteurs à la croix de bois.
Elle resta silencieuse un moment après que le cow-boy eut terminé sa palabre.

- Moi yé les épaules, mais es-tu soure que tes hommes sont prêts à suivre les ordres d'oune femme ? Yé devrais peut-être en touer un pour asseoir mon autorité...

Elle s'accroupit sur ses jambes afin d'être à la hauteur de son interlocuteur. Son visage se faisait moins charmant et angélique

- Si c'est moi qui mène l'assaut, toi tou seras où ? Yé fais diversion où tou as prévou un plan plous soubtil, en prenant en otage le patron de la banque ou en utilisant la peur provoquée par les ombres ? Yé souis désolé, mais il va falloir m'en dire un peu plous si tou veux qu'on travaille ensemble, amigo...

Elle devait soupeser l'idée, la tester afin de garantir sa propre sécurité. Elle avait déjà failli y rester la fois où elle était parti sans plan pour vider les coffres des ranchers, aussi on ne la reprendrait plus à faire les mêmes erreurs. Il faisait trop noir pour exploiter le sable et dessiner dessus, mais il n'avait qu'à donner l'idée générale, Tequila comprendrait tout aussi bien et avait les capacités cognitives suffisantes pour se projeter dans le futur braquage.

- Ha, et oune précision qui peut te servir, yé sais aussi tirer avec une carabine de loin...

C'était encore assez frais comme nouvelle compétence, mais autant l'attacher également à son C.V.

Visiblement l’effet d’Edwin Miller avait fonctionné. En tous les cas, la mexicaine avait eu la réaction souhaitée. De l’intérêt. Et de la curiosité. Car on ne s’engage pas dans une telle combine sans assurer ses arrières. C’était professionnel. Tant mieux. Tout en posant ses questions, la mexicaine avait changé de posture, essayant de converser avec le chef du « Bad Lag » d’égale à égal. C’était peine perdue face à l’égo surdimensionné de l’homme, mais il commençait néanmoins à avoir une bonne opinion d’elle. Ce qui semblait l’inquiéter le plus était le fait de mener l’attaque. C’était assez normal, mais le plan ne pourrait fonctionner sans ça.

Elle n’était pas complètement fermée à cette idée, mais sa plus grande crainte était de devoir diriger des hommes qu’elle ne connaissait pas. Edwin essaya de la rassurer sur ce point :

« J’ai prévenu mes gars. Ils ont pas l’habitude d’être dirigés par une femme, mais ils savent que la réussite de notre « travail » en dépend. T’es celle qui connaît le mieux la ville, et je pense que t’es celle qu’est le plus au courant des points à défendre autour de la banque pendant le braquage… »

Le chef du « Bad Lag » venait de révéler à son interlocutrice la raison principale de son choix porté sur elle. Il avait un peu révélé ses cartes, mais il espérait par la même occasion mettre un peu de pression sur ses épaules. Histoire qu’elle se prépare à ce qui l’attend dans deux jours.

Ce qui l’intéressait maintenant, c’était ce que ferait Edwin pendant l’attaque. L’homme sentit de la suspicion dans l’accent de la mexicaine. Il n’apprécia pas trop. Il attendit un certain moment avant de répondre. Quand il fut certain d’être tout à fait calme, il rétorqua en rapprochant davantage son visage de celui de la desperados :



Son interlocutrice devait avoir compris où Edwin voulait en venir, mais pour éviter toute nouvelle suspicion, il reprit :



L’homme s’arrêta de parler. Sa tête reprit de la distance avec la mexicaine. Il mit sa main droite en forme de pistolet, posa l’extrémité de son majeur et de son index sur sa tempe et lança un bref « Bang ». Il adressa un large sourire à Tequila Jo avant de reprendre :

« Bye Bye le héros. Cela devrait dissuader tout abruti de vouloir apporter son grain de sel. Le « Bad Lag » est pas très connu, mais il excelle tout particulièrement dans la mise en scène. »

Voilà, la base du plan d’Edwin avait été révélée. Il était à présent obligatoire pour lui d’avoir toujours un œil sur la femme, pour éviter qu’elle ne tourne sa veste et révèle au grand jour l’attaque. Mais il fallait déjà qu’elle accepte la proposition. La femme était intelligente, elle ferait le bon choix. Par ailleurs, elle précisa qu’elle savait manier la carabine. Il esquissa un sourire, laissa un échapper un léger rire et répondit :

« Un argument de plus pour te laisser diriger l’attaque… T’en es alors ?»

Edwin paraissait détendu et assez calme. Il l’était. Mais il le serait encore plus quand la desperados aura accepté sa proposition.

Edwin se laissait aller aux confidences, l'idée de sortie était intéressante, néanmoins, il ne semblait pas vraiment avoir prévu ce qui se passerait à l'intérieur. Elle s'approcha à deux pas du chef du gang et s'agenouilla, dessinant sur le sable les contours d'un dessin assez difficile à observer de nuit.
Une fois son oeuvre achevée, elle sortit un paquet d'allumettes et commença à en disposer sur son schéma, elle en gratta une première afin que Edwin puisse voir quelque chose:


Voilà longtemps qu'elle avait pensé à ce plan, mais toute seule, c'était irréalisable. Ses yeux de braises restaient suspendus aux regard d'Edwin, attendant son approbation.

La mexicaine était emballée. Suffisamment en tout cas pour parler déjà des détails. Edwin n’avait eu qu’une vision lointaine de la banque et il comptait bien obtenir les informations sur le bâtiment auprès de Tequila Jo plus tard. Mais celle-ci l’avait devancé. Et Edwin n’en attendait pas moins d’elle. Plus que des renseignements, c’était un véritable plan d’attaque qu’elle lui offrait sur un plateau. Il ne provenait pas de l’esprit du chef du « Bad Lag » et donc, il n’était pas parfait, mais on avait là une très bonne base. Edwin se rendait compte qu’il n’était pas le premier à vouloir attaquer la tirelire de Sunset Hill. Cependant, il avait l’initiative sur la concrétisation, et c’était cela le plus important.

Le bandit s’était accroupi et avait bu les paroles de la mexicaine, suivant des yeux les modifications qu’elle apportait à sa mise en situation du braquage. Le vent de la nuit caressait son visage. Lorsqu’elle eut terminé, il lui adressa un sourire satisfait. Il resta un certain temps avec ce sourire, son regard sur elle. La mexicaine devait se sentir dévisager, mais il n’en était rien. Son esprit était ailleurs. Les méninges d’Edwin Miller s’étaient mises en marche et cherchaient à perfectionner le plan de Tequila Jo. Puis, il émergea, comme s’il revenait d’un rêve éloigné. Son sourire s’effaça et il répondit d’une voix caverneuse :

« C’est pas mal ma jolie. J’te cache pas que j’ai envie d’apporter mon grain de sel, mais j’aime bien l’idée générale. Mais en me donnant un si beau plan, t’essaierais pas de me doubler… ? »

Un silence pesant s’installa dans la petite cour derrière l’église. Mais Edwin le brisa rapidement :

« Haha ! J’le fais bien hein ? Qu’est-ce que t’aurais à y gagner de toute manière ? »

La question était rhétorique et la réponse évidente était « rien ». Le chef du « Bad Lag » ne laissa pas le temps à Tequila Jo de répondre et enchaîna :


Il prit une allumette en dehors du rectangle, celle qui représentait le garde de nuit et s’alluma une cigarette avec. Il n’en proposa pas à la mexicaine. Il reprit ensuite :



« Pour ce qui est du partage des gains, ce sera vingt-cinq pourcents pour toi et vingt-cinq pour moi. Mes hommes sur le coup se partageront le reste. »

Le bandit avait fait cette annonce sur un ton tranchant. Ce n’était pas agressif, mais ce n’était pas négociable.

Tequila Jo fronça les sourcils lorsqu'Edwin la suspecta de vouloir le doubler. même si ce n'était qu'une blague, cette dernière la mise de mauvaise humeur. elle n'avait qu'une parole et elle n'était pas du même bois que les autres desperados du coin.

Le reste de la discussion allait mais le fait qu'il ne soit pas sûr d'avoir un tireur a posté lui fit encore faire la moue.

Sinon, ca me va pour le partage...

Un peu que ça lui allait, un quart du magot, ça pouvait faire un sacré pactole, assez pour rentrer à la maison. Restait plus qu'à finaliser où elle allait se positionner... Elle fixa Edwin.

Leurs ambitions divergeaient. Le travail d’Edwin Miller était évidemment guidé par l’appât du gain, mais il n’y avait pas que cela. Il aimait les sensations que cela lui procurait. L’excitation de la veille, le stress face aux imprévus, la satisfaction du travail bien fait,… Il ne jouait que pour lui et personne d’autre. Ses hommes n’étaient finalement que des pions qui profitaient de la démesure de son cerveau. Mais pour la mexicaine, cela était différent. Elle ne jouait pas pour jouer, mais pour arrêter. Elle envisageait même de quitter le pays pour rentrer chez elle. Cela la rendait moins forte aux yeux d’Edwin, et donc plus malléable.



Edwin inspira une nouvelle bouffée de cigarette et laissa échapper un sourire. Certes, il avait une bonne opinion de son interlocutrice. Elle n’avait pas l’air du même acabit que tous les petits voyous qui devaient traîner dans les rues de Sunset Hill en se prenant pour de grands gangsters, mais était-ce pour autant suffisant pour généraliser ainsi la gente féminine ? Le chef n’avait vraiment pas peur de s’attirer les foudres de la belle. Il savait qu’il aurait le dessus avec son gang. Mais il savait que l’avoir contre lui pendant l’opération pourrait contrecarrer ses plans. Il préférait éviter toute anicroche. Ainsi, lorsqu’il eut fini sa clope et qu’il l’eut jeté dans un fourré non-loin, il tendit sa main vers Tequila Jo :

« Marché conclu ? »

Et avant qu’elle ne réponde, il s’empressa d’ajouter :

« Et j’te propose de passer les deux prochains jours avec nous. Ça te permettra de connaître mieux mes gars et de peaufiner les détails du braquage. J’t’ai déjà préparé te « quartiers » ma jolie ! »

Son sourire était rieur et le ton courtois, mais le de l’homme laissait entendre qu’il ne fallait mieux pas décliner la proposition.

Un homme en moins à l'intérieur, ça devenait chaud. Mais bon, une fois les gardes éliminés, il n'y avait plus qu'à espérer que personne ne joue au héros. Mais de toute façon, cette idée ne me quittait pas. Il fallait un tireur extérieur !


Bref. Edwin m'a tendu sa main pour conclure le marché. Je l'ai regardé, il m'a regardé, j'ai regardé sa main crasseuse et j'ai cru voir celle du diable durant quelques instants. il me proposait de rester avec lui et ses gars durant deux jours. je sais pas pourquoi, je me suis souvenu de rocco et sifredi, deux lapins de la ferme qui faisaient que de

censuré pour les moins de 18 ans:

alors j'ai dit:

- Désolé senor, yé jouste dit que j'étais libre dans deux jours et oune belle femme dans une meute d'hommes ça déconcentre touyours un peu. Entre temps, yé d'autres affaires à conclure, mais yé passerai pour faire connaissance si tou mé donnes l'adresse. Et pouis, yé dois préparer ma bande pour qu'on vous pique le pognon après le braquage...

Il y avait notamment l'annonce au $hiny $pade $aloon et ce Leroy a rencontrer. Mon regard se posait sur lui, ma visage était fermé et sévère. Cela dura quelques secondes avant que mon sourire ne réapparu à la commissure de mes lèvres. Sur le même air que lui quelques minutes auparavant, je lançais:

- Je le fait bien hein ?

Il avait beau être le meneur d'une bande de despérados, je ne me laisserais pas faire. Je lui serrais la main d'une poigne assurée.

- Marché conclu !

Bref, j'ai un nouveau job...

Edwin n’apprécia pas la boutade. Il avait l’impression d’avoir été singé, voire parodié par la mexicaine. C’était du plus mauvais goût. Néanmoins, l’homme se força à rigoler. Ses talents d’acteur ne firent pas défaut à l’homme. Le rire semblait franc et naturel. Le chef du « Bad Lag » donnait l’impression d’être aussi bienveillant qu’un curé qui offrait le toit. Contrairement à ce que laissait entendre la blague de la mexicaine, il était persuadé qu’aucune « bande » ne l’accompagnait. Et puis sa réputation la précédait. Elle agissait seule. En fait sa seule crainte était que la femme lui fasse défaut et se retourne contre lui. Cela faisait un moment qu’elle était installée en ville.Elle avait certainement tissé des liens avec des gens plus honnêtes.

Par ailleurs, elle refusa également de passer les deux jours suivants au côté du « Bad Lag ». A cette annonce, Edwin faillit péter un câble. Qu’avait-elle donc de plus important que le braquage d’une banque. Il la sentait de moins en moins. Pour sûr, un de ses hommes la filerait pendant ces journées. Il parvint à cacher ses émotions et serra la main de Tequila Jo, arborant un sourire de sympathie sur le coin des lèvres.

Alors qu’elle lui tournait le dos et qu’elle quittait la quiétude de l’église, Edwin fut tenté de la descendre, ici et maintenant. Il savait qu’il était guidé uniquement par une pulsion qui disparaîtrait assez vite et que cela serait stupide, mais l’envie était là. Il resta un moment, derrière l’église, seul, fixant l’endroit où se tenait la belle quelques instants plus tôt. Puis, il s’en alla à son tour, rejoignant Hamton et Mitch. Ces deux-là allaient passer un sale quart d’heure…