Endroit où tout homme frappé par la maladie ou frappé tout court finit par se retrouver. Avant de recevoir des soins, il lui faut gravir quelques marches de bois, pousser la porte renforcée et pénétrer dans la petite mais coquette bâtisse. A peine discernable, entouré par des bâtiments des plus colossaux.
Les habitants ou étrangers qui survivent jusque-là se retrouvent dans une petite salle à l’atmosphère froide et inquiétante. C’est en fait une salle d’attente improvisée. Quelques chaises ci et là. Le docteur n’a que deux bras et on lui avait soufflé l’idée de faire quelque chose pour les clients qui patientaient. A contre cœur, le médecin avait pourvu cette modeste salle de façon à la rendre hospitalière. Mais l’effet est raté, car elle n’est ni confortable, ni chaleureuse. Parfois même, une ambiance de mort règne, amplifiée par les cris des patients dont le docteur avait la charge. Un ou deux cactus dans les coins. Peu d’entretien.
Une porte sur la droite, entre deux chaises. Si elle est fermée, cela signifiait que le médecin est occupé. Sinon, il peut recevoir le client. La pièce où il effectue ses diagnostics est paradoxalement moins rassurante que la salle d’attente, voire hostile. Pourtant, là encore, il n’a pas lésiné sur les efforts. Son large bureau est enseveli de babioles en tout genre. Ce sont principalement des objets décoratifs qui proviennent de pays différents. Un pendule argentée, un presse-papier en verre, des cartes postales colorées. Même une plume d’indien trône dans un cadre en bois vernis. Il l’avait obtenue en sauvant in extremis un chef indien des griffes de la mort. Sur les murs, de grandes photographies de paysages inconnus splendides.
Tout cela n’était pas donné. Mais le résultat escompté n’est pas là. Il demeure un climat pesant et lugubre. Comme si la grande faucheuse était ici, à observer les auscultations du médecin. Elle était venue tellement de fois lui rendre visite, arrachant la vie de patients recroquevillés dans le lit aux draps bordeaux du cabinet. Lit qui devenait alors lit de mort. Et à chaque fois cette même question. Qui serait le prochain ?