[termine]A la rencontre d'une nouvelle ville.

Margaret resta les pieds ancrés dans le sol en attendant que son adversaire daigne la rejoindre. Autant la jeune cow-boy savait qu'elle ne voulait pas lui ôter la vie, autant ce n'était visiblement pas réciproque, et ce petit jeu risquait de devenir plus dangereux que prévu... Comble du comble, celle qui avait réclamé elle-même le duel se trouvait dépourvue de toute arme - si l'on omettait sa langue qu'elle avait assez déliée pour ce qui était de vouloir faire sortir Margaret de ses gonds.

Tous les sous-entendus qu'elle faisait défiler dans l'esprit de la jeune femme parvenaient pour la majorité à ricocher sans conséquence. Margaret était plus facilement déstabilisable par un baiser volé que par l'idée de se faire envoyer six pieds sous terre - d'ailleurs le simple fait que la mexicaine mentionne le terme d'"amoureux" crispa les traits de son visage l'espace d'un court instant.
Bien que l'anecdote du loup abattu en pleine course était quand même impressionnante, il fallait le reconnaître, elle avait noté que la fauteuse de troubles était plus malicieuse que sanguinaire, et elle n'était pas certaine qu'elle puisse descendre quelqu'un aussi facilement qu'elle ne le prétendait.

"pas si vite..." lança-t-elle en voyant qu'elle se préparait à s'éclipser à nouveau

Qui ne lui disait pas qu' "aller demander une arme au saloon" signifiait en réalité "aller chercher du renfort au saloon" ou bien "prendre la poudre d'escampette" ? Qui plus est, le "j'allais changer de métier" ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd... Margaret eut un reflexe éclair, se positionnant sur la trajectoire de la mexicaine, et interposant sa carabine à l'horizontal sur son chemin, le corps de metal en travers de son ventre, l'empêchant ainsi d'aller plus loin. Elle se tenait tout près et plongeait son regard impassible dans le sien. Elle marmonna alors, sans se donner la peine d'articuler, elle était assez proche pour qu'elle l'entende :

"c'est pour qui que tu bosses ?"

Elle faisait bien évidemment référence au braquage de la dernière fois. Mettre la jeune femme en tôle c'était une chose. Mais lorsqu'elle s'est enfuie avec le butin, ce fameux jour, Margaret avait eu l'intuition qu'elle ne l'emportait pas pour elle... Rien ne lui disait qu'elle lui répondrait, probablement qu'elle nierait ou mentirait, mais ainsi la pistoleros posait ses intentions futures : éradiquer le mal à sa racine et éliminant celui ou celle qui tirait les ficelles.

Tiens voilà que l'associable voulait discuter maintenant. Elle lui bloquait la route pour aller au saloon, péché mortel pour une personne alcoolique.
Joanna leva les yeux au ciel quand Margaret lui demanda pour qui elle bossait. Cette nana était vraiment suicidaire !

Elle voulut lui parler de Baxter mais se retint:
- D'une, elle n'était plus payer pour propager de fausses rumeurs
- De deux, elle voulait éviter les ennuis, surtout que le shérif actuel est à la botte de Baxter.
- De trois, cette fille ne lui avait encore rien fait, Joanna n'avait aucune raison de l'envoyer à la mort.

Elle la fusilla du regard pour lui montrer qu'elle était la plus sérieuse du monde:

- Yé bosse pour moi ! Yé bosse pour racheter la ferme dont on m'a expoulsée ! Voilà pourquoi je bosse ! Mais si tou veux jouer aux héros, yé peux te présenter des vrais méchants. On prend nos deux petits fusils et on part à l'assaut des haciendas des grands propriétaires mexicains en touant leur cinquantaine de gardes du corps ! Tant qu'à mourir autant faire dans l'épique !

L'autre était toujours devant elle, le fusil en travers du corps, l'empêchant de passer. Un long silence, un buisson qui traverse la grande rue...

Ses yeux d'un noir intense dévisageait la blonde. Puis sans crier gare, Tequila changea d'expression, revenait son éternel air moqueur et espiègle.

- Bon, maintenant qu'on est pas loin de la porte du saloon, t'es sour que tou veux pas boire un verre et m'expliquer pourquoi tou tiens si peu à la vie ?

Oui, parce que la souffrance apparemment, c'était bien la seule chose que partageait les deux femmes...

(c'est un peu frustrant de devoir précipiter la fin de cette petite altercation mais après ça aurait fait trop de décalage avec la quête El Sombrero qui se passe en parallèle x_x la prochaine fois on se fera un RP digne de ce nom, segnorita )

La mexicaine ne parlerait pas, comme Margaret l'avait supposé. Et quand bien même elle aurait donné un nom, la probabilité que ce soit un mensonge n'était pas négligeable. La jeune pistoleros ne comprit pas pourquoi elle avait fait preuve de tant de naïveté soudainement, probablement était-elle encore perturbée par ce qu'elle avait vécu quelques minutes auparavant.

Le regard rieur de la jeune femme s'était soudainement assombri, et elle déballa subitement son histoire en quelques secondes avec un sérieux que Margaret ne lui connaissait pas et qui la prit de court.
Elle aussi, était une écorchée vif, et cette déclaration soulignait son refus d'être étiquetée "méchante de l'histoire". Margaret ne put s'en empêcher, ce récit fit le lien avec sa propre histoire. Elle revit sa ferme brûlée, dévastée, et les corps inertes de sa famille qui l'attendaient. Elle abaissa sa carabine.

"une autre fois, peut-être..."

Cela répondait à l'invitation de partir jouer les justiciers au nouveau Mexique et pour l'invitation à prendre à verre. Elle renonçait pour le moment, laissant son adversaire en sursis, et le fait qu'elle ait dégagé son arme indiquait bien qu'elle la laissait tranquille pour le moment.

Elle n'était plus si frustrée de ne pas pouvoir la boucler derrière les barreaux à la minute près. Elle avait encore des énigmes à résoudre et elle savait qu'elles seraient de toutes façons amenées à se revoir. Elle avait le temps... elle avait tout son temps.
Il se tramait des choses à Sunset Hill, et elle mènerait son enquête avant de dégainer presque sans penser comme elle l'avait fait il y a quelques instants.

Margaret tourna le dos à la jeune femme et ramassa son cache-poussière qu'elle jeta sur son épaule avant de disparaître d'un pas lourd dans les ruelles de la ville.

Son inconscient la mènera à l'entrée de la ville, où le vent sec détachera une carte de jeu taillée en pointe du panneau qui portait son nom. La carte glissera jusqu'à ses pieds, Margaret se baissera pour la ramasser et la glisser dans une de ses poches. Elle portait dorénavant le sept de cœur et elle donnait une chance à ce signe du destin dont lui avait parlé le voyageur...