Tu bluffes Martoni !

- Carte ! Allez, je paye pour voir ! All-in !

Elle ne sait plus trop comment elle avait atterri ici ce soir là...

- Et hop, full aux as ! Par ici la monnaie !

Sans doute, son attrait pour la téquila, mais elle ne se l'avouera jamais...

- Rha, et zut... Je n'ai que deux paires... deux paires de dames...

L'homme en costard noir, si pressé quelques secondes d'empocher le pactole, retombe lourdement sur sa chaise tandis que le vieux mineur en face de lui sourit faisant reluire son chicot en or.

- Bordel de Dieu, Sweety, tu m'as rincé ce soir !

Dans un claquement de langue, le vieux Sweety ramena l'argent vers lui de ses mains parcheminées par son dur labeur.

- Désolé Martoni, je suis en veine c'est tout. Mais que veux-tu, c'est le jeu ma pauv' Lucette !

Le prospecteur éclata de rire tandis que son comparse quitte la table en maudissant sa dépendance pour le jeu. Sûr que sa femme allait encore l'engueuler ce soir...
Une place libérée... Jo hésita. Mais après tout, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas essayer de gagner de l'argent de façon honnête, quoique très peu catholique... En dame civilisée qu'elle n'était pas, elle s'assit sur le siège encore chaud.

- Yé peux youer avec vous ? Par contre, yé ne connais pas trop les règles...

Ca avait bien maugréer un peu quand elle débarqua sans prévenir, mais son charmant sourire et le fait qu'elle était une débutant avait finalement permis son acceptation autour de la table. C'est le vieux Sweety, le nez piqué par l'alcool qui finalement pris le rôle de porte-parole du groupe.

- Ben écoute gamine, si t'as de quoi allonger, moi je dis pas non ! Après pour les règles, ben en gros faut avoir le plus de cartes pareil dans les 5 qu'on va te donner. T'auras le droit d'en changer deux fois ! Pis voilà !

Soit. C'était plus que sommaire comme présentation mais elle avait pu les observer toute la soiré en sirotant un verre, elle allait bien s'en tirer. A moins qu'une autre personne ne l'aide à y voir plus clair dans toutes les règles de ce jeu. Son regard passa un à un les autres joueurs de la table...

Quant à sa description, elle était vêtu d'une chemise à carreau verte et blanche surmonté d'un foulard rouge poussière autour du cou. Son chapeau pendait derrière sa nuque tandis que arme restait scellée à sa cuisse droite. elle fouillait dans la poche de son pantalon à l'aveuglette tout en observant ses collègues attablés et ses mains gracieuses finirent par posées le peu d'argent qu'elle possédait.

« Eh garçon ! Un autre whisky ! Et une tequila pour la dame qui vient d’nous rejoindre ! »

Les mots étaient sortis tous seuls de la bouche de Tom. L’homme, l’alcool plein la tête était installé depuis une bonne heure à la table de Sweety. Le trappeur était arrivé là un peu par hasard. Initialement, il s’était rendu au saloon parce qu’il devait revoir un autre trappeur. Ils s’étaient croisés le matin-même devant des étalages et l’autre trappeur étant pressé, avait proposé de se reparler l’après-midi au saloon de Sunset Hill. Ce dernier n’était jamais venu, et Tom le soupçonnait d’avoir volontairement planifié un tel rendez-vous pour se débarrasser de lui.

Pour passer le temps, il avait commandé quelques verres de whisky et avait fini par prêter attention à la table de Sweety. Lorsqu’il les avait remarqués pour la première fois, ils étaient encore neuf à miser. Tom avait commencé par regarder la partie de sa table, puis s’était approché petit à petit du groupe de joueurs. Quatre d’entre eux furent rapidement invités à s’en aller par les jeux de Sweety et de Martoni qui menaient la partie d’une main de maître. Le cinquième partit de son propre chef alors qu’il ne restait devant lui que quelques maigres piécettes. Tandis que Martoni grommelait de voir un joueur avec encore quelques jetons quitter la partie, Sweety s’adressa à Tom :

« T’vas nous regarder encore longtemps avant d’t’asseoir l’spectateur ? »

Le trappeur avait remarqué que sa curiosité discrète agaçait les joueurs depuis quelques minutes mais il n’en avait rien fait. Les regards furieux ne l‘avaient pas empêché de suivre les différents plis et c’est empli d’une certaine confiance qu’il s’assit sur la droite de Sweety. Mais cette confiance provenait peut-être aussi des verres qu’il avait ingurgités.
Tom connaissait très bien le poker. Il avait souvent servi de remplaçant dans le saloon où il avait travaillé dans sa jeunesse. Au début, les vieux briscards tordus du jeu ne faisaient qu’une bouchée du jeune garçon qui leur cédait la majeure partie de ses pourboires. Et au fil du temps, écoutant les conseils de certains et gagnant en maturité, il était parvenu à pousser certains as du jeu dans leurs derniers retranchements. Il portait d’ailleurs sur lui un souvenir de cette période faste : un as de pique qu’il avait récupéré d’un des jeux incomplets de son ancien saloon.

Depuis son arrivée, le trappeur était parvenu à réaliser quelques coups gagnants, notamment un joli full de valets par les dix qui lui avait valu de s’attirer la colère discrète de Martoni. Celui-ci ne parvenait plus à faire un seul pli et s’en alla penaud juste avant que la dame ne vienne les rejoindre. Tom qui avait évité volontairement plusieurs fois les yeux de Sweety, avait remarqué la présence de la femme au saloon et sa tendance à descendre les verres de Tequila comme si sa vie en dépendait. C’est pour cette raison qu’il s’était permis de lui commander un verre. L’alcool aidait Tom à afficher plus de confiance pendant les parties de poker même si son jeu ne valait pas un clou.

Avec la nouvelle arrivante, ils étaient encore cinq autour de la table. Sweety était celui qui avait le tas le plus gros devant lui. Il était secondé par Harvey Milow qui faisait la moue à chaque fois que quelqu'un d’autre que lui distribuait les cartes. L’homme traînait dans le saloon et il n’était pas rare de le voir jouer aux cartes avec son chapeau noir rapiécé.Le capital du trappeur suivait de près celui d’Harvey. Enfin, le petit frère d’Harvey, un dénommé Pete, fermait la marche avec une dizaine de piécettes devant son jeu. La jeune femme s’assit enfin et posa devant elle son budget de départ. Elle devait se situer entre Pete et Tom, mais la partie était loin d’être terminée.

Le temps que le serveur ne revienne avec la commande du trappeur, celui-ci distribua cinq cartes à chaque participant devant la mine suspicieuse d’Harvey. Tom découvrit son jeu avec un intérêt particulier…

(Je sais pas trop quelle tournure tu souhaites que le rp prenne, alors tu peux guider la partie si tu en as envie. Sinon envoie-moi un mp et j’éditerai ce message pour poursuivre un peu.)

« Eh garçon ! Un autre whisky ! Et une tequila pour la dame qui vient d’nous rejoindre ! »

Le plus dur était fait et finalement les hommes semblaient l'avoir accepté à leur table. L'un d'eux lui offrait même à boire. C'était un beau brun ténébreux avec un bouc soigné. elle fit un petit signe de tête pour cette délicate attention. Il avait du l'observer pendant un temps pour savoir qu'elle adorait cette divine essence.

- Yé vous remercie de m'accepter parmi vous. Yé m'appelle Joanna...

Qu'il était dur de prononcer le J... Elle n'y arrivait pas la plupart du temps mais c'était spécialement entraîné pour donner son prénom aux inconnus. Lui rendant la politesse ces derniers se présentèrent. Il y avait là Sweetie, le mineur qui avait plumé Martoni, Tom, l'homme qui lui avait offert à boire, Harvey, le type qui faisait la gueule et Pete, le plus jeune...
L'idée de Tom donna soif aux autres qui recommandèrent de nouveaux whisky, sauf Pete qui prit une bière.

Le barman revint quelques secondes après avec les boissons et la mexicaine éleva son verre vers le plafond.

- Yé lève mon verre à tous les gentlemans autour de cette table.

Et cul sec, elle vida son verre en le faisant claquer sur le bois de la table. Les choses sérieuses allaient commencer. Enfin sérieuse, c'était un bien grand mot, elle ne savait pas trop jouer, mais il fallait bien apprendre un jour ou l'autre...
On lui dit qu'il fallait miser 2 dollars, c'était la mise de départ, elle obtempéra avec un gracieux sourire avant de regarder ce que le destin lui avait réservé...

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Le jeu de Tom n’était pas exceptionnel, mais pas non plus exécrable pour une première main. Une paire d’as et une paire de cinq pour une main de départ, il n’y avait vraiment pas de quoi faire la fine bouche. Il hésitait cependant à garder celle de cinq. Garder les deux paires, c’était clairement montrer que la combinaison qu’il visait était très proche et pouvait faire ainsi douter ses partenaires de jeu à le suivre. Il pouvait se contenter de conserver uniquement la paire d’as et viser le carré. C’était certes plus risqué, mais cela rapportait davantage qu’un full. L’alcool qui emplissait ses idées lui conseillait de faire ce dernier choix. Il allait rendre trois cartes, quand il se souvint soudain que c’était à cause d’un brelan de valets que Martoni avait quitté la table. Il se ravisa donc et ne remit que le huit de trèfle qu’il avait dans la défausse. Il savait que son geste n’avait pas échappé au vieux Sweetie qui s’efforçait de rester de marbre. Comment interprèterait-il cela ? Comme du bluff ou comme une faute de jeu ? Les autres concurrents avaient-ils prêté eux aussi attention au changement de décision du trappeur ? Il avait également renchérit la mise de deux dollars supplémentaires.

D’ailleurs, la nouvelle arrivante avait accepté son verre. Mieux, elle l’avait vidé d’une lampée. Tom prit ça comme un remerciement chaleureux et failli commander un deuxième pour elle. Il s’y retint. Il n’avait pas envie que celle-ci pense qu’il souhaitât la soûler. Il répondit plutôt à la nouvelle arrivante :

« Merci bien l’amie ! Moi, Loire, Je suis satisfait que mon verre vous ait plut. Serait-il indiscret de savoir à qui nous avons l’honneur ? »

Celle-ci avait un accent mexicain et avait visiblement quelques problèmes avec la langue anglaise. Habituellement, Tom n’appréciait pas vraiment que sa langue soit massacrée de la sorte, mais là, il trouvait que cela donnait un certain charme à la dame. Il se promit de faire attention à elle autant qu’aux autres.

Il but une nouvelle fois dans son verre et remarque qu’Harvey regardait son frère d’un œil noir. L’aîné des frères avait affiché pendant toute la partie son humeur maussade à tous les concurrents, mais il avait toujours pris soin d’épargner son frère. Ou alors, le jugement de Tom subissait une erreur d’appréciation. Pete qui était assis à la droite du trappeur lui rendit trois de ses cartes et suivit la mise. Harvey réfléchit un peu plus longuement et finit par rendre deux cartes tout en ajoutant à son tour deux dollars supplémentaires. Qu’allait faire Sweetie ? Tom allait le savoir, mais il devait au préalable s’inquiéter de ce qu’allait faire la nouvelle arrivante.

(Je conserve donc ma paire de 6 et ma paire de 1 au dé et redonne mon trois)
(Je sais que je fais une erreur de jeu au poker en commençant par ramasser mes cartes en premier, mais c’était uniquement dans le but d’alimenter davantage mon post qui demeure assez court ^^’)

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Le type qui lui avait payé un verre répondit à son appel:

« Merci bien l’amie ! Moi, Loire, Je suis satisfait que mon verre vous ait plut. Serait-il indiscret de savoir à qui nous avons l’honneur ? »

La belle mexicaine ne pu s'empêcher de rire devant la bourde du trappeur, sa main devant sa bouche pour ne pas le vexer. Enfin l'effet était plutôt raté puisque le doux son de sa voix résonnait dans la salle. Tequila Jo ne connaissait pas vraiment la bienséance et les verres déjà pris n'arrangeaient rien.

- Décidément, vous dormez senor Loire ou alors c'est l'alcool qui vous troublent les idées !

Elle eut envie pendant un temps de se moquer gentiment de lui:

- Comme le yé dit tout à l'heure, yé m'appelle Gertrude (prononcé gertroude à cause de son accent) Je vous remercie du verre, ami. Qué faîtes-vous dans la vie quand vous ne youé pas au poker, senor ?

Cette fois, c'était les autres qui riaient... A part Harvey bien sûr, à croire qu'il devait être le croquemort de la ville. Un regard de ce dernier et elle comprit que c'était elle qu'on attendait... Oui, toujours et encore les filles qui traînaient selon les yeux accusateurs d'Harvey.
Joanna regarda son jeu. Sweetie lui avait dit qu'il fallait avoir le plus de carte de même valeur possible. Elle en avait deux pour le moment, ce qui était de bon augure se disait-elle. elle suivit donc Harvey et demanda 3 cartes, peut-être qu'elle trouverait d'autres valets parmi elles. En fait, on faisait tout un foin du poker, mais c'était plutôt simple comme jeu. Il suffisait juste de trouver les bonnes cartes...

Sweetie de son côté, semblait hésité. La manoeuvre de Tom l'avait dérangé, à moins que ça ne soit son propre jeu où le fait qu'il y avait maintenant une novice à la table qui risquait de jouer n'importe comment.
Avisé, il préféra se coucher, histoire de voir comment se débrouillait la nouvelle, si elle n'y connaissait vraiment rien ou si elle bluffait avec son joli sourire et sa voix d'ange... C'était maintenant à tom de dire ce qu'il faisait...

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Les mains des autres joueurs étaient moins hésitantes que celles du trappeur. Seul le vieux Sweetie s’était couché. Après tout, il venait de sortir Martoni, il pouvait bien se reposer un tour ou deux sur ses lauriers. Cependant quelque chose semblait échapper à Tom. La partie se déroulait bien, mais les autres semblaient se jouer de lui. Et visiblement la boutade avait été provoquée par la nouvelle arrivante. La dénommée Joanna ou Gertrude laissait pantois Tom qui ne s’était pas aperçu de sa bêtise… L’alcool parvenait certes à l’aider à sortir quelques jolis coups au poker mais cela ne l’aidait en rien pour communiquer avec les autres. Il eut un rire gêné et se réfugia dans son verre de whisky. Heureusement, la situation ne demeura pas troublante trop longtemps pour le trappeur grâce à la mexicaine qui avait repris :

- Comme le yé dit tout à l'heure, yé m'appelle Gertrude (prononcé gertroude à cause de son accent) Je vous remercie du verre, ami. Qué faîtes-vous dans la vie quand vous ne youé pas au poker, senor ?

La question n’était pas aisée… En réalité, Tom ne faisait pas grand-chose. Il avait décidé de s’installer il y a peu à Sunset Hill pour changer de territoire de chasse et aussi parce qu’on lui avait soufflé qu’il y avait de bonnes affaires dans la ville. Pour l’instant, ce n’était aucunement le cas et le trappeur parvenait à survivre grâce à ses quelques proies chassées. Il avait commençait à tracer quelques cartes pour s’orienter plus facilement dans les environs de Sunset Hill et il avait bien noté quelques indications sur des lieux où il avait aperçu quelques meutes de coyotes mais son travail de pistage n’en était encore qu’à l’ébauche. Finalement, après une nouvelle lampée, il se racla la gorge et répondit :

« Je chasse, mais on ne peut pas dire que ce soit très concluant. Je suis nouveau en ville et je ne connais pas encore très bien la région… Et vous que faites-vous Gertrude ? »

La fin de la phrase provoqua un nouveau rire général et même Harvey esquissa un sourire. Les bévues de Tom semblaient amuser toute la table, mais celui-ci préféra ignorer l’agitation générale et commanda un nouveau verre.

Le jeu de Tom était très bon. Il était parvenu à collecter un troisième As et avait donc dans ses mains un full par les As. S’il avait joué un peu plus finement, il aurait même sans doute pu provoquer Sweetie à le suivre, mais c’était trop tard maintenant. Il devait en revanche s’assurer que les autres joueurs n’imiteraient pas le vieux mineur et poussé par l’alcool, il déclara la phrase suivante en réponse aux moqueries dont il était victime depuis quelques instants:

« Eh bien, rira bien qui rira le dernier ! Je ne reprends pas de carte et je relance de quatre dollars ! »

Il avait posé ses cinq cartes cachées sur la table à côté de son verre et ajouté la mise. Il savait qu’il avait piqué la curiosité d’Harvey. Depuis quelques plis, il l’avait interpellée par des actions un peu farfelues. Extrêmement curieux, Harvey avait toujours suivi et était néanmoins parvenu à gagner certains de ces jeux.

Mais pour l’heure, c’était à Pete de prendre une décision. Le jeune frère semblait hésiter énormément depuis la tirade de Tom. Harvey, dont l’impatience grandissait à mesure que les secondes s’écoulaient, continuait de fusiller son frère du regard. Au bout d’un temps qui parut être une éternité pour le trappeur, Pete échangea deux cartes et suivit la mise de Tom. Harvey fut beaucoup plus rapide et échangea une seule carte, après avoir posé quatre pièces supplémentaires devant lui. Tom demanda à Joanna ce qu’elle comptait faire. Ce premier jeu était déjà un bon test pour avoir une idée de ce que la dame avait dans le ventre.

« Je chasse, mais on ne peut pas dire que ce soit très concluant. Je suis nouveau en ville et je ne connais pas encore très bien la région… Et vous que faites-vous Gertrude ? »

Elle sourit lorsqu'il l'appela de ce nom pendant que les autres s'esclaffaient à s'en crever les boyaux. Elle releva une mèche de ses cheveux pour la passer derrière son oreille et se mordit la lèvre avant de répondre:

- Il y en a beaucoup qui chasse par ici et pas que les houmains apparemment... Moi je cherche un peu de dou travail, yé sé chanter un peu et puis yé sé faire le ménache et la cuisine aussi...

Elle n'en dirait pas plus sur sa véritable source de revenu, plus lucrative et moins fatigante physiquement, du moins jusqu'à ce qu'on se prenne une balle dans le coeur...
Elle regarda Tom miser 4 dollars de plus... Et les autres suivre

*Ha la vache, mais ils sont fous de monter autant Oo'*

Novice au poker, Tequila voyait s'envoler devant elle plusieurs jours de salaire d'un salaire de cow-boy... Qu'est-ce qui lui avait pris de venir jouer ? Simple débutante, elle risquait de se faire plumer rapidement... En plus, presque tout le monde avait suivi... Il devait savoir ce qu'il faisait...

Soit elle arrêtait là et perdait les dollars déjà misés, soit elle comptait sur sa chance pour obtenir les meilleurs cartes possibles à son dernier échange...

Elle ne sait pas pourquoi, mais Joanna posa 4 dollars pour voir... Et l' ami Loire semblait sûr de lui... Harvey aussi semblait confiant, seul Pete était sur la défensive... Mais peut-être qu'il bluffait et avait une super main... Mais quel enfer ce jeu, on va de suppositions en suppositions, on avance dans le noir jusqu'au déballage final... Et elle en serait, elle irait jusqu'au bout au risque de perdre son argent.

- Yé souis aussi, mais yé veux deux cartes, per favor...

Sa voix était claire et intelligible, les effluves de l'alcool ne semble pas faire encore fourcher sa langue, du moins, pas plus que d'habitude...

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La partie battait toujours son plein dans le saloon. Même le barman prêtait attention au jeu, tout en essuyant ses verres propres avec un torchon. La dénommé Johanna répondit à la question de Tom :

- Il y en a beaucoup qui chasse par ici et pas que les houmains apparemment... Moi je cherche un peu de dou travail, yé sé chanter un peu et puis yé sé faire le ménache et la cuisine aussi...

Les compétences de la mexicaine semblaient plus limitées que l’aurait cru Tom. Il s’était imaginé la jeune femme plus aventurière. Ou alors c’était encore l’alcool qui embrumait ses pensées. A côté, Sweetie cachait bien son jeu, mais la tournure que prenait le pli l’intriguait énormément. Tom était persuadé qu’il bouillait intérieurement de ne pas en être. Le vieux prospecteur avait décidé d’être simple spectateur et les autres s’étaient empressés de lui voler la vedette. Mais pour l’heure, c’était la réaction de la mexicaine qui importait le plus le trappeur. Celle-ci sembla hésiter un instant, mais finit par se décider :

- Yé souis aussi, mais yé veux deux cartes, per favor..
.
Ca y est, elle avait décidé de suivre elle aussi. Tom reprit deux de ses cartes et lui en rendit deux nouvelles. Pourvu qu'elles ne venaient pas compléter la combinaison de la mexicaine. Finalement, trois personnes étaient restés jusqu’au bout, c’était au-delà de ses espérances. Enfin, il pouvait encore relancer avant de montrer ses cartes. Ses cartes toujours posées devant lui, il mit la main dans sa poche droite. Il ne lui restait que deux piécettes. Il y avait encore trois joueurs. S’il perdait, il ne pourrait pas payer sa note. Il était saoul.

Tous ces arguments concordaient vers la même conclusion : Tom retirerait la main de sa poche sans aucun dollar. Il le fit calmement et cela eut presque l'air naturel. A tous les coups, cela n’avait pas échappé à l’œil vif du vieux Sweetie. Qu’importe, il s’était couché. L’assemblée jugea qu’il était temps de montrer ses cartes. Tom qui était le premier à jouer prit tout son temps. Il retourna les cartes devant lui une par une en prenant soin de commencer par les cinq et de terminer par les as. Son full aux as par les huit faisait son effet. Le vieux Sweetie éclata de rire en lâchant un « Il bluffait pas l’moustachu ! ». La mine de Pete était complètement déconfite. Il posa ses cartes sans les montrer en soupirant et grommelant contre lui-même. La réaction d’Harvey était plus étrange. Il avait ses cinq cartes face à lui et regardait alternativement son jeu et celui du trappeur. Puis, au bout de quelques secondes, il explosa. Il poussa un cri de plainte et jeta ses cartes en l’air. Il tempêta :

« Si proche ! Full aux rois par les huit ! »

Le rire de Sweetie reprit de plus belle. Il semblait finalement satisfait de n’être que spectateur de la partie. Harvey était d’une humeur encore plus massacrante et ramassait ses cartes avec fureur. A présent, une seule personne pouvait s’opposer à la victoire de Tom. Et c’était la seule personne qui n’avait encore dit mot depuis qu’il avait révélé son jeu…

Les yeux de la mexicaine ne cessait de chercher des failles dans le jeu. mais non, il fallait s'y résoudre. tant pis pour le sourrie espiègle t le fait de gagner devant tous les garçons. Bien que n'ayant pas compris toutes les subtilités du jeu, elle se savait perdante, comme les deux frères d'ailleurs. Elle posa son jeu devant elle, calmement.

- Yé jouste un tiercé... 'Fin 3 cartes pareilles quoi. Yé perdou aussi, c'est ça ?

Pete se levait de la table, rageant encore. Il venait de perdre ses dernières pièces et ne pouvait même plus se commander à boire. Autant dire que la soirée était terminée pour lui. Tom avait amassé un joli petit paquet de dollars. Sweetie lui faisait encore concurrence, mais il serait difficile à Jo et à Harvey de se refaire... Mais pas impossible...

C'était donc cela l'appel du joueur, ce désir de remettre le couvert à chaque fois en s'accrochant à l'espoir de faire basculer son destin... Tout comme la fièvre de l'or qui conduisait l'orpailleur a tout abandonner derrière lui pour trouver le filon qui le mettrait à l'abri du besoin...
La voix ensoleillée de la mexicaine retentit à nouveau dans le saloon.

- Bien Youé senor Loire. Ca se joue aussi à 4 le poker ?

Elle ne pouvait quand même pas perdre deux fois de suite... Elle interrogeait du regard les autres joueurs attablés...

Après un long moment qui parut être une éternité pour Tom, la jolie mexicaine montra son jeu aux autres. Elle n’avait pas mieux que le trappeur. Elle affichait néanmoins une jolie triplette, elle n’était pas restée avec rien dans les mains. Soulagé, Tom n’arrivait pas à cacher son large sourire. Tout avait à peu près fonctionné comme prévu et il venait ramasser un joli pactole. A l’inverse, Pete était excédé. Il semblait s’en vouloir plus à lui-même qu’autres et c’est sans un regard qu’il quitta la table. Harvey ne semblait pas faire d’état d’âme pour son frère. Il avait suffisamment à faire avec ses problèmes et les coups du sort. Sweetie, silencieux, observait la situation tel un aigle qui volait au-dessus ses proies.

Tom, enivré par la victoire et l’alcool recommanda un verre de Whisky. Un silence gênant s’était installé autour de la table où le trappeur essayait de compter discrètement ce qu’il avait gagné jusqu’à présent. Finalement, c’est la mexicaine qui prit la parole :

- Bien Youé senor Loire. Ca se joue aussi à 4 le poker ?

On sentait dans sa voix qu’elle n’avait pas envie d’arrêter. D’un côté, Tom la comprenait. S’arrêter après cette seule partie serait devait être frustrant pour une personne découvrant les subtilités du jeu. Il remercia la femme d’un signe de tête avant que le vieux Sweetie ne réponde :

« Ouaip ma p’tite dame ! Mais va falloir aller au tapis ! »

Tom s’y attendait. Ils n’étaient plus que quatre et cela faisait quelques heures que Sweetie était là. Il avait même dû vouloir conclure avant, mais l’arrivée de la nouvelle joueuse avait retardée un peu son annonce. Etrangement, Harvey ne réagit pas trop mal à la tirade du vieux prospecteur. Certainement, en raison du fait qu’il n’avait plus grand-chose à perdre. Sentant que la dénommée Joana n’avait pas saisi tout le sens de sa phrase, Sweetie expliqua :

« On mise tout ce qu’on a prévu pour la partie et celui qui gagne empoche le tout. Mais comme l’chasseur et moi, on a un pactole plus gros, Harvey et toi ne pouvez nous prendre qu’une somme identique à la vôtre en cas de victoire… »

C’était plutôt bien résumé. Tom et Harvey ne pouvaient pas perdre grand-chose, mais l’enjeu d’un « tapis » demeurait tellement excitant, que c’était en général un des plis les plus disputés. Tom ramassa les cartes et allait les redistribuer quand Harvey l’en empêcha :

« C’toi qui viens de servir ! Laisse donc le vieux prendre la relève !»

Harvey avait raison et Sweetie s’empara du paquet de cartes. Arborant un sourire discret, il distribua cinq cartes à chaque joueur en commençant par le trappeur…

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Miséricorde ! Tom était vraiment en veine en cette fin de journée ! C’était certainement le destin qui s’excusait d’avoir été si cruel toute la matinée. Le trappeur avait bien fait de venir terminer sa journée au saloon de Sunset Hill. Il avait eu dès le premier tour un full à nouveau. C’était un full moins beau qu’au premier tour, mais disposer de trois dames et de deux six en une seule distribution était déjà une sacrée prouesse. Il convenait à présent de mettre en scène cette jolie main. De toute façon, personne ne pourrait se coucher cette fois-ci…

Quelque chose attira l’attention du trappeur. Harvey rigolait à gorge déployée. Tom crut d’abord que c’était un nouveau rugissement de l’homme, mais même si le son s’en approchait, c’était bien un rire que dégageait l’individu. Sweetie ne put lui non plus cacher son étonnement devant le rire du grincheux. Soit Harvey avait fini par perdre la raison, soit son jeu était exceptionnel. Bien qu’un peu ivre, le trappeur penchait davantage pour la seconde option. Sa curiosité était plus qu’attisée, mais il devrait attendre les trois tours. Sweetie demeurait de marbre. Impossible de savoir s’il avait un bon jeu ou pas. Quant à la mexicaine, elle regardait encore ses cartes, essayant sans doute de déterminer quelle meilleure combinaison envisager.

Après avoir ingurgité une nouvelle fois plusieurs gorgées de whisky, Tom Posa son jeu retourné devant lui. Les autres devaient se demander ce qu’il manigançait encore. Il prit un certain temps puis s’exclama :

« Je crois que c’est fini pour moi ! Pas la peine de me donner d’autres cartes Sweetie… »

Le visage d’Harvey redevint rouge écarlate. Tom eut l’impression qu’il se retint de ne pas exploser sur sa chaise. Un nouveau rire retentit. Cette fois-ci c’était le vieux Sweetie. Il mit quelques secondes à reprendre son calme, puis lança :

« Deux fois le même coup… C’est que j’finirai presque par retenir ton nom l’moustachu… »

Tom esquissa un sourire. Le vieux trappeur avait repris le paquet de cartes et demanda à Harvey quels échanges il souhaitait faire. Il sourit à son tour et répondit :

« Comme notre ami, j’veux pas de cartes. On verra bien s’il a d’la chance deux fois ! »

SOn regard était fixé sur Tom. Il était plein de colère, comme si le trappeur avait eu le malheur d’offenser l’homme. Il ignora cela tandis que Sweetie allait passer à la mexicaine…

Décidément, soit le poker était un jeu bizarre, soit les gens autour de cette table était fou. pour le moment, personne n'avait voulu changer ses cartes et le vieux Sweetie lui demanda à son tour ce qu'elle comptait faire...

Déjà, elle avait sursauté de peur lorsqu'Harvey avait rit à gorge déployée. Elle ne s'attendait pas à ce que ce jeu lui procure de telles émotions, surtout que depuis le début, il faisait plutôt la gueule... Enfin son rire s'était rapidement calmé lorsque Loire lui lança comme un défi, ne pas prendre de cartes. Ca semblait avoir mis Harvey dans tous ses états et il avait suivi...

Si les garçons voulaient jouer aux conio, ça les regardait. Joanna, elle, n'en avait pas l'intention. Déjà, elle n'avait que deux cartes pareilles et pas les plus fortes. Elle comprenait bien qu'avec un tel jeu, elle ne pourrait battre personne.

*le plous de cartes pareilles*

Elle n'hésita pas longtemps et reposa 3 cartes devant elle.

- "Trois cartes, per favor" demanda-t-elle au chercheur d'or.

Il s'exécuta puis regarda attentivement son jeu. Le vieux ricanait dans sa barbe en tapotant sa dent en or. Loire avait dit qu'il était servi et on disait que la foudre ne tombait jamais deux fois au même endroit. Sweetie voulait savoir s'il bluffait.

- Ben moi, je change deux cartes... Et pis pour que ça devienne plus intéressant, je double la mise, histoire de voir si t'as toujours tes couilles dans ton calfut gamin...

Le vieillard déposa devant lui un somme rondelette et ses yeux avides pétillaient d'impatience devant la réponse de Loire.

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L’ultime partie de poker battait toujours son plein. Pete, le frère d’Harvey était même revenu proche de la table, piqué par la curiosité. Harvey ne démordait toujours pas, tandis que la jolie mexicaine changeait trois de ses cartes. Son jeu ne devait pas être excellent, mais la partie pouvait basculer à tout moment. Tom avait pris de grands risques en se contentant de son full et il commençait à peine à en prendre la mesure. Qu’importe, il avait déjà amassé un bon pactole durant la soirée et dans le pire des cas, il ne perdrait pas grande chose.

Mais voilà que le vieux Sweetie se réveille. Resté longtemps à l’affût en arrière-plan, il réapparut sur le devant de la scène. Il s’adressa directement au trappeur en lui confiant qu’il doublait la mise. Il échangeait par la même occasion deux cartes de son paquet. Visiblement, sa dernière victoire n’avait pas agacé qu’Harvey. C’était amusant. Tom termina son verre de whisky puis déclara, un sourire sur les lèvres :

« A ce rythme-là, l’un de nous va finir la soirée sans ses frasques… Mais je suis ta relance l’ami ! »

Il posa de nouvelles piécettes devant lui appauvrissant sa collecte de gains de la soirée. Ses cartes étaient toujours posées retournées devant lui. Quelles étaient-elles ? Tom s’aperçut soudain qu’il avait oublié la nature de ses cartes. Il se souvenait seulement que la combinaison dont il disposait était un full. Et s’il s’était trompé ? S’il avait mal lu une carte ? Il avait joué si vite… L’alcool commençait à faire des dégâts dans la mémoire du trappeur qui commençait à regretter d’avoir fait preuve d’autant de témérité. Il avait tout à fait le droit de consulter ses cartes à nouveau, mais c’était clairement être ridicule devant toute l’assemblée. Déjà qu’il avait subi plus tôt les railleries de ses partenaires de jeu et qu’il n’en savait pas la cause… Le vieux prospecteur interrompit les pensées de Tom :

« Toujours pas de cartes l’moustachu ? »

Le trappeur hocha la tête, mais sa confiance était plus modérée. Il lui fallait un nouveau verre d’alcool. Il allait commander, mais sa capacité actuelle à suivre la partie le ravisa. C’était à Harvey de parler et on avait l’impression que cela l’énervait de ne pas pouvoir suivre. Il ne dit mot et se contenta d’un signe de la tête pour faire comprendre à Sweetie que lui non plus n’échangerait pas de cartes. La dénommée « Gertrude » avait-elle trouvé son bonheur ?

Les deux garçons relançaient de plus belle alors que dans un coin du saloon un homme noir s'alliait au pianiste pour jouer un petit blues tirer de derrière les fagots... Et c'était pas désagréable comme ambiance, l'alcool qui lui brûlait les lèvres, les odeurs de tabac flottant au-dessus des tables, la tension que procurait ce jeu, le toucher soyeux des cartes... Elle commençait à se détendre bien que vu les sommes engagées, la partie pouvait tout aussi bien se terminer en pugilat...

Bien qu'au final, le seul nerveux du coin semble Harvey et comme elle, il n'avait mis que son tapis. Et puis le destin lui était favorable, elle avait 3 cartes pareil plus une paire. Elle se souvenait que Loire avait gagner la dernière fois grâce à cette combinaison. Peut-être que ça suffirait pour remporter la partie, mais peut-être pas. Loire et Harvey n'avait pas changé de cartes depuis le début... Mais si elle changeait encore son jeu, elle pouvait tomber sur une mauvaise distribution... Et puis au final, personne ne savait ce qu'elle avait vraiment, pourquoi ne pas en profiter ?

Le vieil orpailleur lui demanda combien elle voulait de cartes:

- "Yé crois que ça ira senor... Qu'est-ce que ça fait quand on a 4 cartes pareil ?"Demanda-t-elle le plus innocemment du monde.

On entendit Harvey fulminer en jetant violemment son jeu contre la table. Sa voix enragée prit place:

- Bordel de merde ! Ca fait que je me barre !

Et sans attendre la fin de la partie, il se leva, prit sa veste et sortit à grands pas en bougonnant.

- Jeu à la con ! Moi aussi j'ai le blues !

La mexicaine souriait, ça en faisait toujours un en moins. Sweetie semblait plus pensif...

- Et bien, après tout, ce n'est pas si grave, pour moi, l'important et d'avoir plus que l'gamin... Moi aussi, j'suis servi et je fais tapis...

La ruse ne pouvait pas marcher sur tout le monde et le vieil homme semblait relativiser les mots de Jo. Rusé comme un renard le vieux en tout cas, il mettait la pression sur Tom en claquant ton son fric sur un dernier coup. Le prospecteur se tourna vers le trappeur:

- Alors gamin, qu'est-ce que tu fais ? Tu suis où tu te couches ?

Le monde s'arrêtait de tourner, tous étaient suspendus aux lèvres du chasseur...

Le piano s’était mis à roucouler dans le fond du saloon, mais le trappeur ne s’en était pas rendu compte. La pression qui l’incombait l’avait complètement isolé de l’agitation du bâtiment. Seule la table et ses trois autres adversaires comptaient. Plus la partie avançait et plus il regrettait d’avoir fait preuve de tant d’optimisme au début du pli. Entre Harvey qui avait déclaré être servi d’entrée, le vieux Sweetie qui faisait grimper l’enjeu du dernier pli et la mexicaine qui semblait voir son jeu s’améliorer à chaque échange, Tom était en peine avec ses cinq cartes face retournées devant lui. Néanmoins, il était important que le trappeur cache aux autres joueurs sa détresse. Il devait afficher le plus sereinement du monde sa confiance et peut-être que les autres craqueraient avant lui…

Alors que l’acte final s’approchait à grands pas, le trappeur but une nouvelle gorgée de whisky. C’était sa façon à lui de montrer qu’il était détendu. C’était à la mexicaine de changer ses cartes, mais celle-ci refusa. Elle demanda par ailleurs ce qu’impliquait une combinaison de quatre cartes identiques. Tom faillit cracher l’alcool qu’il avait dans la bouche mais parvint à se retenir au dernier moment. Cependant, Harvey ne contrôla pas sa colère. Il jeta son jeu sur la table, pestant contre le destin et quitta la partie sans un regard derrière lui. Tom fut tenté de regarder le jeu de ce dernier, mais Sweetie qui l’avait remarqué rappela :

« On doit attendre la fin de la partie, c’est les règles. »

Le vieux prospecteur avait raison. Regarder les cartes d’un joueur se couchant ou quittant la partie pouvait aiguiller un joueur sur la qualité ou non de son jeu. Le trappeur se ravisa, mais il n’avait pas oublié l’ultimatum déclenché par la dénommée « Gertrude ». Un carré ? Si c’était vrai, Tom n’avait plus aucune chance. Néanmoins, la somme de départ de la mexicaine étant plus faible, si elle venait à gagner, elle n’empocherait pas la totalité des gains et cela se jouerait entre les deux hommes restants. Ce qui inquiétait encore davantage Tom, c’était que Sweetie n’avait pas tiqué à l’annonce de la belle femme. Cela voulait-il dire pour autant que son jeu était supérieur ? Les questions ne cessaient d’hanter l’esprit du trappeur qui décida de boire une nouvelle gorgée pour faire redescendre la pression. De toute façon, il était trop tard pour faire machine arrière. Mais le vieil homme continuait de malmener le trappeur et lui demanda s’il avait l’intention de suivre après avoir aligné tout son fric devant lui. Tom, encore amoché par l’alcool, répondit du tac-au-tac :

« Bien sûr ! Ca me ferait trop mal de passer à côté de tout ce blé ! »

Sweetie rigola doucement à la remarque du trappeur. Puis, après avoir retrouvé ses esprits, il déclara :

« Bon, il est temps de montrer nos cartes les jeunes ! J’ai eu de bonnes cartes sur la fin, mais j’ai pas réussi à faire mieux qu’une double-paire ! »

Et quelle paire ! Une doublette d’As et une doublette de rois ! Le trappeur était quasiment sûr d’avoir un full, mais sa mémoire vacillant, il préféra dévoiler son jeu avant de crier de victoire. La main tremblante, retournant ses cartes les unes après les autres, il redécouvrit son jeu de départ : un full aux dames par les six. Cela signifiait qu’il tenait le vieux prospecteur en échec. Laissant échapper un cri de victoire qui surprit l’ensemble du saloon, il remerciait sa chance d’avoir été si clémente avec lui. La partie n’était pas terminée, la mexicaine pouvait encore se dresser sur la route de Tom, mais quoiqu’il arrive, ce dernier ne partirait pas les poches vides.

(Sympa la musique )